La loi de la drogue : de la french connection aux caïds des cités

Depuis que la drogue est arrivée en France, elle a repoussé l’autorité de l’Etat et son économie a redessiné le paysage du grand banditisme français en favorisant la vente de la drogue, nettement plus rentable que les braquages. Résumé du troisième volet du documentaire Les gangsters et la République intitulé La loi de la drogue et diffusée sur France 5 en octobre 2016.

La drogue (cocaïne, héroïne, cannabis) s’est clairement imposée sur le marché français, dictant sa loi et ses règles. Cela fait quarante ans que la drogue a pénétré en masse le territoire français, quarante ans que sa puissance économique défie la République jusque dans ses banlieues. Le 26 février 1971, la France déclare officiellement la guerre à la drogue. La République française s’engage dans un long et dur acharnement pour lutter contre cette délinquance. Dans le troisième volet de ce documentaire Les gangsters et la République, diffusé en octobre sur France 5, plusieurs acteurs de ce trafic témoignent, expliquent l’invention de tout ce réseau où désormais les caïds des quartiers échangent la paix sociale contre la mainmise sur leurs territoires.

La french connection ou les débuts du trafic de drogue

Marseille est la ville française très influente dans ce trafic, là où tout a débuté. Pendant à peu près dix ans le milieu marseillais prospère avec l’héroïne. Dans les années 1960-1970, c’est l’époque florissante de la french connexion, où les trafiquants marseillais produisaient la drogue pure. Mais, l’héroïne fait des ravages au début des années 80. La came devient un fléau national. A la fin des années 80, les Français débarquent en Espagne, car la France ne leur permet pas de trafiquer en paix. Ils vont révolutionner l’acheminement du cannabis vers la France. Bernard André, dit « le baron », est l’inventeur du go-fast. Il fera le trajet entre, une station balnéaire espagnole située face aux côtes marocaines, et Paris. Marbella va alors devenir la plaque tournante du trafic de stupéfiants en Europe. La station balnéaire devient le repère de tous les grands bandits français.

Banditisme et milieu politique font souvent bon ménage

Charles Ferrand dit  » le grand », ami « du baron », celui qui dirigeait la région de Marbella, ne faisait pas de cadeau. C’était un tueur. Mais, en Espagne comme en France le banditisme et milieu politique font souvent bon ménage. C’est l’époque des luttes indépendantistes, l’époque où l’E.T.A militaire terrorise l’Espagne, l’époque aussi des guerres sales. L’Etat espagnol va ainsi recourir au service du Grand pour tuer des indépendantistes basques.

Toutes les conditions étaient désormais réunies pour que le milieu français approvisionne l’hexagone de façon abondante dans les années 1990. La vente au détail, dans les cités notamment, devenait facile.

Sakho, ancien trafiquant de Seine-Saint-Denis, est l’archétype du dealer qui va fournir la jeunesse parisienne en cannabis. Atmosphère de panique chez les habitants qui n’osent plus sortir de chez eux. Des commerçants pris de panique, ferment boutique peu à peu. Face à la crise, certains élus locaux, voient le dealeur de shit comme un nouvel acteur économique. Une politique « des grands frères » se met en place en banlieues.

Les années 2000 sont celles de l’explosion du business

La méthode ? Embaucher des jeunes de cités influents capables de calmer les esprits. Les bandits savent qu’en se mettant à la drogue, ils courent un risque énorme. Mais l’argent que ça leur rapporte ne leur fait pas ressentir d’état d’âme.

Les années 2000 sont celles de l’explosion du business, le trafic de cité est entré dans sa phase industrielle, 30 à 40 000 euros de bénéfice par jour, un chiffre d’affaire d’environ 1 milliard d’euros par an. Les émeutes de 2005 ont montré aux autorités que la puissance de la drogue pouvait garantir « la paix sociale ». Cette délinquance fait énormément de dégâts, ce trafic est tellement exposé à une forte population qu’à l’heure actuelle, l’Etat se pose la question de réglementer les drogues douces de la même façon que l’alcool.

Camélia avec Théo – Seconde Professionnelle à Orientation Progressive 2

Article paru dans PPL Actus numéro 3 – décembre 2016/janvier 2017.


Bernard André, l’inventeur du go-fast

Bernard André, ancien trafiquant de drogue, est l’inventeur du go-fast. Le go-fast a été inventé en 1990 et permet aux trafiquants de transporter plusieurs tonnes de produits stupéfiants avec de grosses voitures circulant à une vitesse très rapide (210 km/h, 230 km/h …) d’un pays à un autre. Bernard André n’a jamais été arrêté pour trafic de stupéfiant. À l’époque il n’y avait pas de radar donc il transportait, avec sa citroën XM V6, 300 à 500 kilos de cannabis à 210 km/h entre Marbella, en Espagne, et Paris. Il n’a jamais eu de problème.

Sonia- Seconde Professionnelle à Orientation Progressive 2

Encadré paru dans PPL Actus numéro 3 – décembre 2016/janvier 2017.


Farid Berrahma : quand un petit caïd des quartiers rencontre le grand banditisme

Lors de son séjour en prison, Tony Languille, ancien trafiquant international, prend sous son aile un jeune des quartiers Nord de Marseille, Farid Berrahma, un trafiquant de drogue. Après que Farid soit sorti de prison en 2005, il décide d’aller en Espagne où il découvre la rentabilité du commerce en gros de cannabis mis en place par le milieu français. Les jeunes venus de toutes les cités y participent. Ils se sont mis en relation avec les Marocains et ont fait venir de la marchandise. En 2005, Farid fait parler de lui en tuant ses victimes_: il les fait brûler dans le coffre d’une voiture pour faire disparaître toute trace. On le surnomme « le rôtisseur ». Les Corses ayant mis la main sur les machines à sous, Farid, toujours plus gourmand, veut récupérer ce juteux marché. Il tue donc Roch Colombani qui reçoit 60 balles de Kalachnikov. Les Corses n’ont pas apprécié cette exécution. En représailles, Farid se fait tuer en 2006 dans un bar à Marseille.

Sonia- Seconde Professionnelle à Orientation Progressive 2

Encadré paru dans PPL Actus numéro 3 – décembre 2016/janvier 2017.

Visuel : Capture écran de la bande annonce de la série documentaire Les Gangsters et la République, une série en trois épisodes de Julien Johan et Frédéric Ploquin diffusée sur France 5 en octobre 2016.