Mon périple dans le désert de Tijuana ou l’enfer des migrants Mexicains

Je suis parti au Mexique pour rendre visite à mon frère qui vit à San José Del Cabo, une ville mexicaine de la région du Sud de la Basse-Californie. Après quelques jours passés dans certaines autres villes du Mexique, nous rentrons à San José del Cabo. Et, je demande donc à mon frère si nous pouvons aller à Tijuana qui est à 2h d’avion. C’est une ville collée à la frontière Californienne.

Arrivé là-bas, je vois une ville assez ghetto et très pauvre comparée à celles que j’avais fait avant. Nous cherchons aussitôt un hôtel pour se poser avant de partir en Californie. Et là, nous rencontrons un homme qui nous propose de nous faire visiter certains coins de la ville.

Les polleros, marchands de volaille, sont en réalité des passeurs

Nous allons dans des bars connus du quartier et, à ce moment, l’homme nous demande ce que l’on vient faire ici. Mon frère lui répond que nous allons en Californie pour quelques jours. Il s’avère que c’était est un pollero ce qui signifie en français un marchand de volaille. Mais en réalité, ces hommes-là sont des passeurs. Ils font passer clandestinement des enfants, certaines personnes, mais surtout de la drogue (marijuana, cocaïne, mais en grande partie de la méthamphétamine), par des tunnels creusés sous certains commerces ou même en 4×4 par le désert de Tijuana.

Le pollero riait : sur dix candidats au rêve américain, un ou deux passeront la frontière, les autres seront tués

Sans savoir vraiment comment ce désert était, je demande donc à l’homme en question combien il prend pour nous faire visiter l’endroit. Il me répond que, tout seul, il n’irait pas par là-bas car c’est assez dangereux. Mais, deux de ses amis s’y rendent souvent.

Une fois monté dans le 4×4 avec les deux hommes, nous prenons la route pour le désert de Tijuana. Au bout d’une demie heure de route, nous voyons donc des dizaines de personnes qui passent, eux aussi avec des passeurs en 4×4, jusqu’au point de largage et là, l’un des deux hommes se met à rire. Il nous annonce que sur dix personnes, une voire deux seulement vont réussir à passer la frontière. Il nous explique que depuis, un moment, des centaines de cameras sont situées dans certains points du désert et que les autorités n’hésitent pas à faire feu sur ceux qui essaient de passer la frontière. Mais comme ces gens-là sont tellement désespérés et qu’ils n’ont pas les moyens de payer plus pour emprunter les tunnels, ils passent donc par le désert.

Après avoir passé trois heures à visiter le désert, je décide de rentrer à l´hôtel. Je dis à mon frère que, finalement, on prendra sa voiture pour aller en Californie. Ce sera plus sûr.

Lucio Niño

Article publié dans PPL Actus numéro 5, décembre 2017.

Photo : Cercueils de migrants le long de la frontière entre les deux villes jumelées Tijuana et San-Diego. Wikimedia Commons.