Être indépendante et lycéenne ou l’usine comme horizon lors du premier confinement.

Pendant le confinement du printemps, les élèves de lycée professionnel ont parfois décroché. Un décrochage loin d’être une sinécure, surtout pour les filles en quête d’autonomie. Première expérience à l’usine pour Camélia. Témoignage.

Je m’appelle Camélia*, j’ai 18 ans et pendant ce confinement j’ai décidé de travailler dans une l’usine Photobox. Photobox est une entreprise spécialisée dans le secteur des activités photographiques, ils développent des albums photos.

J’ai d’abord contacté une agence d’intérim implantée à Sartrouville dans les Yvelines, cette agence recrutant spécialement pour l’entreprise Photobox. Puis j’ai envoyé ma candidature sur l‘adresse mail qu’ils m’ont transmise. Par la suite j’ai eu une réponse en moins d’une heure et j’ai pu avoir un entretien en visioconférence évidemment comme nous sommes confinés. Tout s’est bien déroulé, j’ai commencé trois jours après cet entretien dans l’usine Photobox. Un justificatif de déplacement professionnel m’a été remis. Il faut savoir qu’en tant qu’intérimaire la conclusion d’un contrat de travail temporaire n’est possible que pour l’exécution d’une tâche précise et temporaire dénommée mission.

« J’ai toute suite eu l’impression que les chefs n’avaient aucune considération pour ceux qui travaillent. »

Alors le premier jour où j’ai commencé une fois en tenue adaptée je m’attendais à ce qu’on me présente les lieux ainsi que le personnel. Pas du tout, on m’a dirigé vers un chef qui ne s’est pas présenté non plus. J’ai toute suite eu l’impression que les chefs n’avaient aucune considération pour ceux qui travaillent. Ensuite une femme m’a formé au poste de contrôle de qualité grand format. Ce travail consiste à contrôler la qualité de chaque album photo, de vérifier si les livres sont en bon état tout simplement. Il faut ensuite les peser et les emballer dans un carton pour qu’ils soient livrés, rien de très compliqué. On m’a également formé au contrôle de qualité petit format. Il faut avoir un bon rythme, c’est-à-dire être rapide et en même temps concentré : j’ai aussi l’impression qu’il y a une sorte d’ambiance de compétition.

« Pour une femme, on ne peut compter que sur soit même »

Les points négatifs selon moi ce sont les pauses, elles ne durent que 10minutes c’est vraiment rapide et elles sont espacées de deux heures. De plus j’ai l’impression que la communication manque entre chefs et personnel. Maintenant, si j’ai décidé de travailler c’est parce que je veux être autonome, être indépendante, je ne veux pas compter sur mes parents. Je trouve que c’est très important d’être indépendant surtout pour une femme, on ne peut compter que sur soit même. Ce travail m’a permis découvrir la dure réalité de la vie car, sans diplôme, on se retrouve à faire des choses qu’on n’aime pas forcément.

« Les conditions sont extrêmes. Faire les mêmes gestes toute la journée avec le bruit des machines dans le fond… »

Cela m’a fait ouvrir les yeux et m’a fait rendre compte à quel point ça peut être difficile pour certaines personnes qui n’ont pas le choix de travailler dans une usine. Je ne dis pas que les conditions sont extrêmes. Faire les mêmes gestes toute la journée avec le bruit des machines dans le fond qui est agaçant et les pauses de dix minutes, personnellement, ça me fatigue, je ne pourrai pas faire ça toute ma vie d’autant plus qu’on ne peut pas évoluer dedans. Cela reste tout de même une bonne expérience et grâce à ce job d’intérim, je réalise que la vie n’est pas si facile que ça.

Camélia (terminale Gestion administration, LP Paul Painlevé de Courbevoie)

Photo : Usine Photobox de Sartrouville.

*Le prénom a été changé.

PS : Cet article a été écrit par Camélia le 1er mai 2020 pendant le premier confinement. En raison du retard pris dans la mise à jour du blog, il n’est publié qu’en novembre 2020.