Ainsi va la vie à la cité. Témoignage.

J’habite à Villeneuve-la-Garenne, plus précisément à la k-ravel. Là-bas, il y a trois types de gens : les racailles, les gens normaux et les dingues. Les racailles sortent à midi la plupart du temps pour glander toute la journée devant un bâtiment pour du trafic de stup (12h-18h ou 12h-00h). Les gens normaux, bah c’est des gens normaux quoi… et les dingues, eux, c’est ceux qui mettent le zbeul (voir le lexique de la street) dans la cité, qui attirent les keufs et qui kiffent quand ça s’tape.
Où j’habite, les meufs et les mecs s’entendent bien. Par contre quand des gens d’autres villes rentrent à la cité (meufs ou mecs entre 14 à 18ans), ça part en embrouilles, à part ceux qu’on connaît, et ça attire les keufs qui se font caillasser par les jeunes. Plusieurs d’entre eux vont en garde à vue, que ça soit les mecs ou les meufs. J’ai déjà été dans une embrouille* comme ça et cela m’a apporté beaucoup de problèmes.

À la cité, je m’habille souvent en garçon

A la cité, j’ai plus souvent l’habitude de m’habiller en garçon manqué car sinon les mecs parlent beaucoup de nous entre eux, à part ceux que je considère comme des frérots. à la cité, il y en a déjà beaucoup qui sont en prison dès leurs 18 ans pour stup ou pour d’autres choses … Et dès qu’ils sortent et bien ils font encore pire ou changent de comportement pour ne plus avoir de problème.
Ce qui est bien dans ma cité, c’est qu’on est tous solidaires entre nous, que ça soit entre mecs ou meufs. Dans plusieurs villes, il y a plein de cités différentes, mais elles ne s’entendent pas forcément entre elles. Nous à Vlg, toutes les cités s’entendent surtout quand il y a des embrouilles avec d’autres villes, ce qui arrive très souvent et ça va super loin pour rien (hôpital, gav, etc.).

Il y avait une embrouille avec des meufs et forcément j’étais obligée d’y aller.

Moi, je sais que si je n’habitais pas dans une cité, je ne parlerais pas comme ça et je n’aurais pas eu ce caractère. Je me suis battue plusieurs fois, mais jamais ça n’a été mon histoire. On m’appelait toujours pour me dire qu’il y a une embrouille avec des meufs et forcément je suis obligée d’y aller et c’est pour ça que j’ai déjà été en gav (24 heures). Mais maintenant je sais qu’il ne faut pas que je me mêle de toutes les histoires car cela ne m’apporte que des embrouilles et surtout, je suis dans un lycée loin de ma ville, donc je peux croiser des meufs que ma ville a frappé et ça peut aller loin. Tout ça pour vous dire que la cité, bah ce n’est pas facile.

Ines Ninouz

Article paru dans PPL Actus numéro 1, mars/avril 2016 et publié sur le blog lycéen Mediapart du CLEMI.

Photo d’élèves de première gestion administration prise dans la cour du lycée professionnel Paul Painlevé de Courbevoie (92) : Guillaume Bordet