« Les jeux de guerre en ligne n’ont rien à voir avec la réalité »

Nous avons avons rencontré Yohan sur la plateforme de jeux de guerre « BattleField Bad Company 2 », il y a un peu plus de 8 mois. il a 23 ans. Il est militaire dans l’armée française et vient juste de revenir d’Afghanistan. Il a accepté de nous donner son avis sur la guerre virtuelle et sur ce qui se passe réellement sur le terrain. Interview.

Bal’actu : Que penses-tu de la guerre virtuelle ?
Les jeux de guerre en ligne sont des divertissements très originaux, mais ils n’ont rien à voir avec la réalité. Moi qui le vis, je préfère jouer à ces jeux que le vivre, car on peut y prendre plaisir, jouer avec ses amis…
Dans la guerre virtuelle, aucune vie humaine n’est engagée, toute guerre réelle implique des pertes. La vie est très précieuse.

Bal’actu : Pourquoi t’es-tu engagé dans l’armée ?
Je me suis engagé car j’aime le genre de boulot qui permet de casser la routine. Et quand des connaissances plus âgées que moi me parlaient de leur service militaire, on sentait qu’il en avaient pris plein la gueule et c’est ces moments là qui reviennent plus tard comme souvenirs précieux.

Bal’actu : Quelle as été ta misssion la plus longue ?
C’était en Afghanistan. ça a duré 7 mois. Je suis resté du 27 mars 2010 jusqu’au 18 octobre 2010

Bal’actu : As-tu déjà abattu une personne ?
Non, pas à ma connaissance, car quand des tirs viennent des montagnes et que tu ripostes, tu ne sais pas si t’en as touché un. Mais si je le fait, c’est que je n’ai pas le choix, Ce sera lui ou moi.

Bal’actu : Que faisais-tu avec l’armée française en Afghanistan ?
Ce que nous faisions principalement c’était l’escorte. Nous escortions les munitions, le carburant pour nos véhicules, les autorités religieuses qui venaient nous soutenir, le personnel de l’armée française… Ils étaient escortés jusqu’aux bases françaises ou américaines.

Bal’actu : Quels ont été les risques dont vous aviez eu le plus souvent à faire et dont vous vous méfier le plus ?
Les risques qui étaient les plus dangereux et qui apparaissaient le plus souvent sont les IED ( soit Engin Explosif Improvisé), ils sont très dur à repérer, les VDIED ( soit Véhicule Chargé d’Explosif). Ce que nous redoutions le plus c’étaient les Talibans qui portaient sous leurs vêtements des charges explosives et qui n’hésitez pas à se faire exploser au milieu de la foule. C’était difficile de les repérer car ils étaient habillés comme les civiles.

Il faut mieux faire la guerre en jeux vidéo que d’y prendre part et risquer sa vie à tout moment

Bal’actu : Quel a été ta pire situation ?
C’est quand on se faisait braqué par l’armée afghane. Ce genre de situation est vraiment stressant. Cela se passe souvent quand on est en convoi. Personne ne doit s’introduire dedans, et les Afghans essaient souvent de nous dépasser, et quand on les en empêche, ils nous braquent. Tu vois comme dans les films où plusieurs personnes pointent et se font pointé un Gun sur la nuque, c’est la même chose.

Bal’actu : Que penses-tu du slogan du gouvernement qui nous dit de nous engager dans l’armée ?
Il est à chier. Ce n’est que de la publicité, c’est de l’incitation publicitaire et mensongère. Cela ne montre pas la dure réalité de l’armée. Il y a pas mal de points négatif, mais je te cite que les positifs car tu n’auras pas assez de place (rire). Ce qui est positif : si tu aimes le sport tu ne vas pas être déçu, c’est très physique. Les avantages de salaires à l’étranger, je te dis pas combien tu vas être dégouté (rires). Nous avons plus de vacances que les autres boulots, 3 à 4 semaines de plus. la perspective d’avancement professionnelle, on peut gravir les échelons dans la hiérarchie plus facilement que dans les autres métiers.
En conclusion,il vaut mieux faire la guerre en jeux vidéo que d’y prendre partie et risquer sa vie à tout moment. Faites l’amour pas la guerre !!!

Interview réalisée par G-starboy et Alkapon

Article paru dans Bal’actu numéro 1, décembre 2010