Bal’actu. Peux-tu nous raconter tes débuts dans le foot ?
J’ai commencé à 6 ans au foot à Talence, prés de Bordeaux. Puis, jusqu’à 11 ans, j’ai joué dans un autre petit club, le BEC (Bordeaux Étudiant Club). On faisait des tournois internationaux avec des grosses équipes comme Auxerre. Lors d’un autre tournoi international à onze ans à Saint-Nazaire, j’ai fini meilleur joueur du tournoi. C’est alors que je suis parti au Racing club de Bordeaux, très réputé à l’époque. J’y suis resté jusqu’à 14 ans. Dans notre championnat, il y avait les Girondins. On les a gagnés 4 à 0. Du coup, ils m’ont pris en préformation en 14 Fédéraux.
Tu peux expliquer ce qu’est la préformation.
La préformation, c’est avant la formation, on est en sport étude. On n’est pas payé, on ne dort pas au club. Puis, à partir de 15 ans, j’ai commencé à être payé 400 euros par mois sans prime. Je continue à progresser, ça fait que je reste toujours surclassé.
Bientôt pro ?
Oui, arrivé en 2009, je m’entraîne avec la réserve des professionnels, la CFA2 mais je ne jouais jamais. Ensuite, j’ai une blessure, une déchirure au muscle à la cuisse pendant six mois. Ma saison est finie… J’ai failli être viré du club. Pendant ces six mois, je regarde des vidéos de foot pour ne pas perdre le moral et pour me donner des idées quand je serai de retour sur le terrain. Du coup, j’en profite pour suivre ensuite une prépa physique très intensive en Égypte dans un club très réputé, Al Ahly. Et, à mon retour aux Girondins, on me fait refaire les tests. J’ai été au-dessus de tout le monde tant en physique qu’en technique. Comme ils étaient descendus en CFA2, on a réussi à remonter en CFA. De là, il y a des clubs anglais qui m’ont appelé, Birmingham en premier et Arsenal après. Comme je n’avais pas le bac, ma mère n’a pas voulu. Après, mon agent, qui est mon oncle et qui s’occupe de Drogba est parti voir ma mère. Alors, il a dit au club de Birmingham que c’est bon mais après le bac.
A quel âge tu t’es dit que tu pouvais être pro ?
Je voulais arrêter le foot pour faire du basket, j’avais onze et là, je me suis dit, ça y ait je vais être pro. Mon cousin faisait du basket et je voulais faire du basket et ma mère m’a dit non. Et j’ai fait un match contre Auxerre et on m’a parlé de la vie des pros. Et là, c’est bon, je veux être pro. En plus, maintenant, mon frère est demandé par Marseille et mon frère jumeau joue en CFA2 et est demandé par des clubs.
Peux-tu nous raconter ton arrivée au Red Star ?
Entre temps, cet été, je suis parti au Red Star parce qu’il y a plein de
recruteurs, anglais notamment, qui viennent voir les joueurs du club. Par ailleurs, aux Girondins, en CFA, c’est trop dur de jouer avec les pros. Il faut que je progresse pour jouer avec eux. Et, aux Girondins, il y a des déjà des joueurs en équipe de France qui restent en réserve comme Maxime Poudje ou Gaëtan Laborde.
Tu es content au Red star ?
Pas trop, je ne joue pas à mon niveau. A Bordeaux, je connaissais tout, je me sentais bien. Il faut que je travaille le mental. Là, je me suis senti impressionné. D’abord, ils n’ont fait jouer avec les 19 et pas direct avec la Nat (le championnat de France national). En ce moment, en plus, je sors d’une élongation, donc je ne fais que de m’entraîner.
Pourquoi êtes-vous tous blessé au foot ?
Moi parce que je ne m’étirais jamais et je ne buvais pas beaucoup d’eau. Les autres, c’est soit qu’ils ont une mauvaise prépa physique, ils ne se musclent qu’un seul muscle, ou sinon c’est des coups.
Pourquoi as-tu choisi un bac pro commerce ?
Parce qu’après ma carrière, j’aimerais ouvrir un centre commercial, genre comme Les Quatre temps à la Défense, en France ou en Angleterre. J’économise beaucoup. Là, je touche 3000 euros sans les primes. Mais je coffre, je ne touche rien (à cet argent).
Les primes, c’est quand ?
Les primes c’est quand on marque, on fait une passe décisive, on joue contre une grosse équipe. Il y a un tableau dans le contrat où toutes les primes sont marquées.
Tu as déjà joué pour la France ?
En moins de 15, ils ne m’ont jamais appelé la France ; il y a juste le Sénégal avec qui j’ai joué un tournoi amical en Afrique en moins de 15.
Tu t’entraînes combien de fois par semaine ?
Normalement, c’est deux fois par jour. Moi, je fais trois fois par semaine comme il y a les cours et que ce n’est pas un centre de formation. Par rapport aux autres, je suis en retard. A Bordeaux, ils m’avaient tout trouver. Là, quand je suis arrivé, le Red Star ne m’a rien dit par rapport au sport étude. On n’est que deux dans mon club à s’entraîner trois fois par semaine. Pour moi, cette année, elle compte pour du beurre. C’est à cause du bac. Après, je m’entraîne tout seul chez moi. J’ai des poids, des poids sur les pieds pour être plus rapide sur les gestes.
Comment tu le vis cette année ?
Elle est longue. Je suis tout seul chez moi, je ne connais personne. Elle est difficile car je m’entraîne avec les 19 et je rentre tard, à 23h.
Pourquoi es-tu venu au lycée professionnel Daniel Balavoine ?
Avant d’arriver, ils m’ont passé une liste de tous les apparts et le plus beau était celui de Bois-Colombes et je suis alors parti à l’inspection académique. Je ne connaissais même pas les lycées. Balavoine m’a pris en premier.
Pourquoi étudier en lycée pro et pas en lycée général ?
J’ai fait compta avant commerce. Je m’en bas les couilles, je veux juste le bac ! L’an passé, en centre de formation, on avait un programme léger par rapport à là. On n’avait que 4 heures par jour. 8h/10h, c’était cours puis entrainement de 10 à 12h, cours de nouveau de 14h à16H et entrainement de 16h à 18h et tableau noir parfois le soir : stratégie, tactique, tout cela. Cette année, je m’en fous du foot, c’est juste le bac, je vais l’avoir, c’est facile. Mon stage, je l’ai trouvé en deux jours. Après, si je n’ai pas mon bac, je retourne à Bordeaux.
Dans quel championnat veux-tu jouer ?
Le championnat anglais ou le championnat italien.
Quel est le salaire minimum d’un pro ?
En pro minimum, pour Bordeaux c’est 20000 euros par mois. Après, ça dépend des contrats.
Article paru dans Bal’actu numéro 4, décembre 2011-février 2012
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