Lycéennes, mineures et prostituées

Aujourd’hui, nous vivons dans une société où certaines filles de mon âge veulent mener une vie au-dessus de leurs moyens. Souvent influencées par une autre personne ou tout simplement de leur plein gré, voulant gagner beaucoup d’argent rapidement, elles tombent dans le cercle vicieux de la prostitution. On en parle peu, mais énormément de filles mineures se prostituent sans que, parfois, quiconque ne soit au courant. En effet, selon une étude publiée l’année dernière, entre 6000 et 10000 mineurs se prostitueraient en France. Deux de mes amies vivent ou ont vécu cette situation et l’une d’entre elle a souhaité témoigner anonymement sur ce qu’elle a vécu. Un témoignage recueilli par Nafi.

Après une longue discussion avec Cécilia, voici les grandes lignes de son histoire.

Cécilia a une histoire de vie complexe. Abandonnée par son père dès son plus jeune âge, elle a grandi avec sa mère qui n’a pas toujours été présente pour elle. Ainsi, Cécilia a très souvent été livrée à elle-même. Elle a d’ailleurs été placée plusieurs années dans un foyer. Cécilia a aujourd’hui 17 ans. Elle ne va plus à l’école depuis un an et passe ses journées à son domicile ou dehors avec ses amis.

Dans les minutes qui ont suivi la création de son compte sur un site, Cécilia* a été contactée par des nombreux hommes.

Il y a environ deux ans, Cécilia est tombée dans le cercle vicieux de la prostitution, en échangeant avec une amie, qui elle-même faisait partie d’un réseau. Elle lui parlait souvent de son activité et des résultats pécuniers que cela lui procurait. Cécilia s’est facilement laissée convaincre. Rapidement, elle a commencé par créer un compte sur un site qui propose des activités illégales. Dans les minutes qui ont suivi, Cécilia a été contactée par de nombreux hommes qui voulaient faire appel à ses services. Après un cours échange virtuel, Cécilia propose à ses hommes une rencontre soit à leur domicile, soit dans un hôtel.

Les premières fois ont été très dures. Puis, les rencontres se sont multipliées.

Les premières fois ont été très dures. Cécilia, dégoutée, passe à l’acte en essayant d’occulter tout sentiment en se concentrant sur l’argent qu’elle gagnera à la fin. Les rencontres se sont multipliées pendant près de 6 mois et Cécilia a accumulé beaucoup d’argent. Avec cet argent, Cécilia sortait beaucoup en soirée et s’achetait des vêtements de marques. Elle a pris goût à ce train de vie jusqu’à ce que le rythme de vie de Cécilia alerte sa mère. Inquiète, cette dernière parle avec sa fille et lui demande d’arrêter. Honteuse, Cécilia promet à sa mère d’arrêter cette activité. Après une longue remise en question d’elle-même, Cécilia met quelques jours à décrocher et finit par cesser complètement.

Suite à cette remise en question, Cécilia a décidé de reprendre sa scolarité et s’est inscrite dan un lycée. Elle tiendra seulement quelques mois avant de se déscolariser de nouveau. Sans nouvelle d’elle depuis plusieurs mois, je ne peux pas garantir qu’à ce jour elle ne soit pas retombée dans un réseau de prostitution.

Nafi – Terminale Accueil

Article publié dans PPL Actus numéro 5, décembre 2017.

* Le prénom a été changé

Photo : capture écran d’une annonce Vivastreet, deuxième site de petites annonces.

La prostitution sur mineur, un délit sévèrement puni

Selon le code pénal, tout mineur prostitué est une victime, qui relève de la protection de l’enfance. Ses clients peuvent être sanctionnés par la justice. Les peines encoures sont de 3 ans de prison et de 45 000 euros d’amende. Les poursuites peuvent avoir lieu même si les faits se sont déroulés à l’étranger (cas de tourisme sexuel).

NDR