Archives par mot-clé : Prison

De l’amour au parloir à la haine derrière les barreaux. Témoignage.

13 avril 2018. C’était un grand jour pour moi. J’ai vu Kaïs* pour la troisième fois. C’est dur, très dur ce monde de l’univers carcéral. Il m’a manqué, beaucoup manqué. Mais une fois arrivée là-bas, à la prison, je ne sais pas, c’est bizarre. Je ne me sens pas à ma place. Pourtant je l’aime ce type, mais pourquoi je tombe que sur ce genre de mec ? Moi qui étudie… Est-ce que c’est le quartier qui m’a fait devenir comme ça ? Mais pourquoi a-t-il fait ça ? C’est la question que je me pose depuis un moment. Ça me fait trop plaisir de voir qu’il sourit quand il me voit. On m’a toujours répété « Sab, ce mec-là, pourrait donner sa vie pour toi ». Je le vois 45 minutes. C’est court, mais c’est drôle. C’est triste, mais c’est bien.

Ma réaction, quand j’ai fait ma demande de parloir ? La peur en attendant la réponse, l’appréhension.  C’est dur, très dur… Une fois que j’ai eu la réponse, j’étais folle de joie, heureuse, heureuse de pouvoir enfin le revoir. La dernière fois qu’on s’était vus, c’était le 16 février 2018, le jour de sa perm. Une perm ? C’est une permission de sortir une journée ou une demi-journée dehors. Il m’a serré fort dans ses bras, tellement fort qu’à ce moment-là je ne voulais plus le lâcher.

On est prêt pour aller au tribunal. Silence radio en voiture. Personne ne parle, on était tous stressés. La boule au ventre.

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Portrait : Iitinéraire d’un ancien voyou devenu un exemple pour nous les jeunes

Mohamed (c’est un pseudo) qui étudiait dans un collège de Paris n’était plutôt pas très intelligent. Très tôt, il décide de quitter l’école pour travailler dans la banlieue. A tout juste 12 ans, il se mit à travailler pour des grands de son quartier. Il faisait le guetteur. Ça consiste à surveiller les alentours pour les dealeurs. Un jour, on l’arrêta et on l’envoya dans un camp de rééducation en pleine montagne. Il y resta un an. A sa sortie, il avait 14 ans. Il continua à trainer dehors quand il eut l’opportunité de devenir dealeur à son tour. Il travailla pendant plusieurs années en tant que dealeur tout en se doutant que la police le suivait. Un jour, chez lui, à l’âge de 23 ans, il fut arrêté et inculpé pour trafic de stupéfiant. Il écopa de trois ans d’emprisonnement. En prison il revit ses parents et son frère qui le raisonna et lui dit d’arrêter ces conneries.

Sortie de prison et fin des conneries

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Hasoul, la zonzon : c’est la hass !

Zoubir (1) est sorti de prison en 2009 à 27 ans. Aujourd’hui, à la tête d’un commerce à Paris, il revient pour Bal’actu sur ses cinq années passées derrière les barreaux. Un témoignage brut recueilli par Hatim, assistant d’éducation au LP Daniel Balavoine (92).

Hasoul (ndlr : en fait, voir le lexique de la street), j’ai pris dix piges pour coke à mon premier jugement. Après j’ai fait appel. Ces bâtards, ils ont baissé la peine à huit piges et je suis sorti au bout de cinq piges. Je me suis fait péter bêtement : un mec du tiequar (quartier en verlan) m’a pété et m’a poukave (dénoncé). C’était un bête de pote de moi. Sah (en vérité, en arabe), la zonzon, c’est la galère, la routine. C’est là que tu vois qui sont tes potes. Y’a que la mif (la famille) qui pense à toi.

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