Cette guerre n’a jamais été oubliée. En Algérie, il y a beaucoup de personnes qui se souviennent de cette guerre. En entendant des vieux ou des jeunes quand je vais là-bas, je comprends qu’avant l’Indépendance, c’était un peu la loi du plus fort. Beaucoup de vieux, nous ont raconté que des militaires français les maltraitaient et posaient toujours la même question : « où sont les fellaghas ? ». Et invariablement, ces personnes âges disaient on ne sait pas où sont les fellaghas.
Le combat pour l’Indépendance plus fort que tout
Les personnes âgées, qui avaient alors 12-13 ans à l’époque, nous disaient qu’ils ont vu presque toute l’armée française et leurs blindés. Beaucoup d’Algériens, des vieux, pensent aussi que les français avaient fait du bon travail, au point de vue de l’agriculture notamment. Une fois devant un champ vers Mostaganem, où tout est à présent désert, une personne âgée m’a dit qu’avant l’Indépendance c’était un champ d’orangers. Et après l’Indépendance les jeunes Algériens ont vu la dégradation de la production agricole mais ne regrettent pas l’Indépendance. Beaucoup d’Algériens souhaitaient en effet continuer le travail mais les membres du FLN ne voulaient pas. Ils disaient « regardez ce que les français ont fait ». Malheureusement, le pouvoir algérien en place en ce moment oublie les fellaghas qui se sont battus pour la liberté de l’Algérie et qui étaient surtout des paysans. Pourtant, c’étaient ces personnes-là qui étaient le plus maltraitées par l’armée française.
Quelle mémoire aujourd’hui pour les jeunes ?
Les vieux Algériens qui sont en France savent leur histoire, mais de nombreux jeunes Algériens ne connaissent pas leur histoire et ne veulent pas la connaître. Ils ne parlent pas arabe et parfois ne sont même jamais allés en Algérie. Ils se considèrent comme algériens en France, surtout quand cela va bien, et comme français quand ça ne va pas en Algérie. Et puis, beaucoup de Français d’origine algérienne, quand ils partent en Algérie, se font aussi traiter de sales harkis par les gens. C’est simplement une frustration qui s’exprime : le boulot manque en Algérie. Mais, pour moi, ces jeunes ont torts de ne pas connaître l’histoire de leur pays.
Samir (terminale)
Article paru dans Bal’actu numéro 6, juin 2012.
Voir aussi l’article de Saad Chakali,, Guerre d’Algérie : « L’école reste encore le lieu privilégié de la transmission ».
Photo : capture écran de la BO du flim de Claude Sale, La Trahison (2005).