Les damnés de la Commune, un film d’animation sur Arte à ne pas manquer

Boudée par la télévision française, la Commune de Paris, à l’occasion du 150ème anniversaire, est sur le petit écran avec un film d’animation remarquable à voir sur Arte jusqu’au 19 août 2021. Une occasion pour nos élèves de connaître ce grand moment d’émancipation populaire trop absent des programmes. Compte-rendu de ces évènements révolutionnaires par les Cadets de la République.

Raphaël Meyssan, l’auteur du documentaire « Les Damnés de la Commune » a réalisé ce film d’animation à l’aide de gravures et d’images de l’époque. Il retrace des événements survenus entre 1869 et 1880. Raphaël Meyssan a décidé de nous faire découvrir la Commune en nous mettant dans le personnage de Victorine Brocher, une des militantes anarchistes, nettement moins connue que Louise Michel. Nous suivrons son évolution en tant que mère, citoyenne, ambulancière et soldat. Elle et différentes personnalités politiques œuvrent pour la liberté de la France et Paris.

Les funérailles du journaliste républicain Victor Noir en 1870, assassiné par un cousin de l’empereur. Victor Noir devient le symbole de la République assassinée par l’Empire. Toute la colère du peuple opprimé depuis des années ressort à ce moment-là. Capture écran du documentaire graphique, Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan, Arte.

Avec Haussmann, Paris devient le paradis des riches

Tout commence avec Napoléon III qui à ce moment est empereur. On est sous le Second empire et en 1867 le préfet Haussmann change Paris avec ses grandes percées. Elle devient le paradis des riches. Les loyers augmentent. Les pauvres et les classes moyennes n’y trouvent pas leur place, raison pour laquelle ils sont contraints de s’installer dans des quartiers populaires de Paris a savoir Montmartre, Belleville et la Villette.

Napoléon III détourne l’attention du peuple en colère en déclarant la guerre à la Prusse

En 1868, l’empereur autorise les journaux et les débats publics : un commencement de ce qui ressemble à une révolte se prépare. En 1869, les travailleurs sont en grève, ils veulent une République sociale. Le 10 janvier 1870, un journaliste républicain, Victor Noir, est tué par un parent de Louis Napoléon Bonaparte, ce qui va provoquer la colère de la population. Napoléon III et ses équipes tentent de détourner l’attention du peuple en provoquant une guerre contre les Prussiens. Le 19 juillet 1870, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. C’est une défaite pour la France et Napoléon se rend le 2 septembre 1870. Il est fait prisonnier à Sedan.

La défaite de Sedan et la proclamation de la République le 4 septembre 1870

Deux jours après la défaite, le 4 septembre 1870, les députés s’enferment dans l’hémicycle et s’apprêtent à capituler face à la Prusse. Mais le peuple n’entend pas les choses de cette façon. Il se rassemble devant l’assemblée nationale pour venir faire entendre le fait qu’il ne capitulera pas. Il essaye de rentrer dans l’hémicycle, ce qu’il réussit à faire. Léon Gambetta, alors député républicain, les invite alors à se diriger vers l’Hôtel de ville où il déclare que la République, tant réclamée, est désormais en vigueur. Un gouvernement provisoire est formé, et il organise la défense nationale. C’est d’ailleurs comme ça qu’une armée civile va être créée, la Garde nationale.

Après la défaite de Sedan, Paris est isolé du reste de l’armée. Pour communiquer, il n’existe qu’un seul moyen de quitter la ville, les ballons montés, très dangereux à cause des gaz inflammables, des tirs des Prussiens et d’atterrir en territoire ennemi. Le 7 octobre 1870, Léon Gambetta, ministre de la guerre du gouvernement provisoire est au bas de la butte Montmartre pour s’envoler. Il veut reconstituer une armée à tout prix pour libérer la capitale. Capture écran du documentaire graphique, Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan, Arte.

La trahison du gouvernement provisoire par Jules Ferry

Pendant ce temps, le 19 septembre 1870, l’armée prussienne gagne du terrain. La Garde nationale est prête mais le gouvernement provisoire ne semble pas avoir envie d’envoyer les soldats au front. Après avoir refusé de faire la guerre, le gouvernement provisoire négocie un armistice avec les Prussiens. Le peuple se révolte et se rend à l’Hôtel de ville de Paris où il réussit à entrer pour dire qu’il ne veut plus de ce gouvernement pour lequel personne n’a voté. Jules Favre, vice-président du gouvernement provisoire, promet que le gouvernement organisera lui-même des élections. Mais cette promesse va être trahie la nuit même par Jules Ferry, membre du gouvernement, qui va les interdire et mettre en place un vote de soutien en faveur du gouvernement qu’ils vont évidemment remporter.

Dans le Paris affamé, les animaux du jardin des plantes sont aux menus des restaurants chics. Capture écran du documentaire graphique, Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan, Arte.

Le habitants de Paris affamés contraints de manger leurs animaux de compagnie

Les Prussiens, aux portes de Paris, laisse le peuple affamé et le gouvernement français espère l’épuisement du peuple pour qu’il cède. Les habitants sont forcés de manger leurs animaux de compagnies, ainsi que les nuisibles de la ville, tandis que les plus aisés mangent des viandes exotiques venues des zoos de la ville.

Les députés monarchistes ratifient l’armistice et Adolphe Thiers devient chef du pouvoir exécutif

Les soldats sont bien décidés à ne pas céder, mais le gouvernement refuse d’attaquer l’ennemi. Alors que Paris étouffe, le gouvernement s’apprête à livrer Paris aux Prussiens. Le 28 janvier 1871, le gouvernement signe finalement cet armistice avec les Prussiens, Ces derniers exigent qu’une assemblée nationale se constitue pour voter la ratification. C’est effectivement ce qu’il va se passer à Bordeaux : une assemblée composée de députés monarchistes se rassemble et nomme chef du pouvoir exécutif Adolphe Tiers.

La garde nationale, milice parisienne, se révolte et refuse de capituler contre la Prusse

A Paris, la garde nationale se révolte et manifeste durant trois jours sur la place de la Bastille pour dire non à l’assemblée monarchiste. Elle organise sa propre direction, le comité central de la garde nationale. Le 1er mars 1871 l’assemblée nationale vote la capitulation. Les Prussiens sont arrivés à Paris. Ils défilent sur les Champs Elysées et laissent Versailles aux députés qui s’installent au château de Versailles, symbole de la royauté.

Enfants, femmes et gardes nationaux se rendent sur la butte Montmartre pour conserver les canons. Feu, ordonne un général sur son cheval, les soldats désobéissent, mettent crosse en l’air et se jettent sur le général. Soldats et citoyens défilent ensuite sur la butte. Un même cri, une même joie, vive la République, vive la Commune ! C’est le début de la Commune. Capture écran du documentaire graphique, Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan, Arte.

Le 18 mars 1871, début de la Commune : les soldats de Thiers désobéissent aux généraux refusent de tirer sur la foule à Montmartre

Les députés monarchistes suppriment toutes les mesures qui aident la population à survivre. Adolphe Tiers annonce qu’il va désarmer les gardes nationaux et récupérer les canons qui jusqu’à lors étaient conservés dans les quartiers populaires. Le 18 mars 1871, 20 000 soldats sont rentrés dans Paris afin de récupérer les canons conservés dans les quartiers populaires. Le peuple ne se laisse pas faire et se rend sur la butte Montmartre pour empêcher le vol de leurs canons. Les généraux versaillais demandent à leurs soldats de faire feu sur la population, ordre auquel ils vont refuser d’obéir. Les soldats se retournent contre leurs généraux.

En gris, l’occupation du territoire français par les Prussiens. En gras, les villes de province où la Commune se propage. Capture écran du documentaire graphique, Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan, Arte.

La fuite du gouvernement à Versailles : la révolution se propage

Le 19 mars 1871, l’armée, le gouvernement et les administrations fuient en direction de Versailles. Le comité central de la garde nationale est le seul maître à bord à Paris. Après délibérations, il décide de rendre le pouvoir qu’ils ont pris en organisant des élections pour élire les représentants de la commune de Paris. La révolution se propage dans plusieurs villes et villages de France et la Commune va être proclamée dans plusieurs d’entre elles. Le 26 mars 1871 les élections de la commune de Paris ont eu lieu, Versailles proclament l’abstention.

De grandes réformes émancipatrices pour le peuple sous la Commune

La majorité absolue est révolutionnaire. Le 28 mars 1871, la Commune est proclamée et les élus de la Commune vont voter de grandes réformes comme par exemple la séparation de l’Église et de l’État. Les élus votent aussi des réformes très importantes que la population attendait pour les travailleurs, la liberté de la presse, la justice, les arts ou l’émancipation des femmes avec l’adoption de l’union libre. L’école laïque et gratuite est aussi votée par la Commune avec l’appui notamment d’Édouard Vaillant, ministre de l’éducation.

Mais, le 2 avril 1871, les Versaillais attaquent Paris et un cortège de femme appellent à marcher militairement sur le gouvernement. Toutes les Communes de province ont été réprimées par les Versaillais et Marseille tient 14 jours avant de tomber et ils veulent désormais faire de même pour Paris. La Commune organise alors sa défense. Mais bientôt, l’ouest et l’est de Paris sont pris par les Versaillais. La Commune de Paris vote un décret d’otage : pour un otage de la Commune tué, elle fusillera trois otages versaillais. Le jour de l’adoption du décret des otages devant la mairie du 11ème la guillotine de la prison de la roquette brûle devant la statue de Voltaire.

Louise Michel, institutrice, une des rares femmes à se battre fusil à la main

Le 29 avril 1871 un cortège de francs maçon traversant la rue de Rivoli vers les limites de la ville plante ses drapeaux sur les fortifications et envoient une délégation en signe de paix, Versailles répond par la répression et veut écraser Paris. Les soldats se rassemblent sur le Champ- de-mars et se mettent en marche sur le fort d’Issy qui protège Paris. Les bombardements sur le fort se font de plus en plus puissants par les Versaillais, L’anarchiste Louise Michel est l’une des rares femmes à se battre fusil à la main. Malgré tous leurs efforts, le 8 mai 1871, le fort d’Issy tombe.

Le 16 mai 1871, la colonne de la place Vendôme est détruite. Six mois plus tôt, le peintre Gustave Courbet avait proposé de remplacer ce monument à la gloire des guerres napoléonienne par un monument de la fraternité. Capture écran du documentaire graphique, Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan, Arte.

La Semaine sanglante et l’anéantissement de la Commune le 28 mai 1871 : 20 000 morts

Le 16 mai 1871, la colonne Vendôme, symbole des victoires de Napoléon Bonaparte, est détruite et la place est rebaptisée place de l’international. Le 21 mai 1871 les Versaillais sont entrés dans Paris en enfonçant la porte de St-Cloud. C’est le début de la Semaine sanglante. Les fédérés battent en retraite. Le 23 mai 1871, Montmartre est attaqué par les Versaillais qui veulent en finir. La Commune est submergée et les derniers combattants battent en retraite. A midi, Montmartre tombe. Acculés, plusieurs bâtiments officiels sont incendiés par les fédérés pour ralentir l’avancée des Versaillais.

La Commune est écrasée dans le sang par Thiers, Jules Ferry est envoyé à Paris pour former un gouvernement provisoire

Le 24 mai 1971, Adolphe Thiers, devant l’assemblée à Versailles, annonce que l’insurrection est désormais vaincue. Jules Ferry est envoyé à Paris pour former un gouvernement provisoire. Pendant ce temps, dans la Commune de Paris, les Versaillais gagnent du terrain, ils cassent les murs des maisons afin d’éviter les barricades. Delescluze, délégué civil à la guerre de la Commune, se fait sciemment tuer pendant la fusillade entre les Versaillais et les fédérés. Le 28 mai 1871, la Commune est anéantie. Environ 20 000 Communards ont trouvé la mort.

28 mai 1871, fin de la Commune. 100 000 soldats de l’armée des Versaillais entourent Belleville où se sont réfugiés 3 000 combattants désorientés et terrifiés de la Commune. L’attaque du Père Lachaise, dernière citadelle des Communards, a lieu de nuit. Les défenseurs du cimetière ne sont que 200. Le derniers combats se déroulent au milieu des morts au cours d’une nuit sans espoirs. Capture écran du documentaire graphique, Les Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan, Arte.

Déporter les Communards pour les empêcher de témoigner : ils devinrent les damnés de la société

Contrairement à l’héroïne du documentaire graphique, Victorine Brocher, peu de Communards ont survécu a cette guerre et les rescapé furent déportés, soit dans la rade de Brest, transformée en énorme prison pour l’occasion, ou alors emmenés en Nouvelle-Calédonie française, comme Louise Michel, pour les enfermer et les empêcher de témoigner. Ils devinrent donc « les Damnés de la Sociétés ».

Au final, le récit de la période retranscrite et le style visuel du documentaire sont très captivants. Le reproche que on pourrait faire est que trop d’informations sont données d’un coup par les différents personnages.

Engelot avec Antony et Eider et la participation de Jessy (Cadets de la République)

Article à paraître dans le journal lycéen PPL Actus numéro 9, mai 2021.

Visuel de l’en-tête, via le site Histoire par l’image avec le texte qui vient : « Les premiers incendies particulièrement spectaculaires de la « Semaine sanglante » furent provoqués par les bombardements versaillais sur le Champ-de-Mars et sur le ministère des Finances. Ces tirs à boulets rouges devaient permettre aux troupes versaillaises de gagner du temps et de pénétrer plus facilement dans la capitale.

Partagée entre stratégies tactiques et actions symboliques, la Commune alluma à son tour des feux pour faire diversion et pour entraver la progression des versaillais. Brûler Paris plutôt que de le rendre devint une consigne dans les rangs communards, conformément à certaines déclarations qui avaient pu enflammer les esprits, comme cette formule menaçante aux accents prémonitoires de Louise Michel : « Paris sera à nous ou n’existera plus » (17 mai 1871). »

https://histoire-image.org/etudes/paris-enflamme-commune

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© Saint-Denis, musée d’art et d’histoire – Cliché I. Andréani

A voir donc sur Arte : https://www.arte.tv/fr/videos/094482-000-A/les-damnes-de-la-commune/