Bal’actu : Qu’est-ce qui t’as poussé à rentrer dans le hip hop ?
Il faut savoir que je danse depuis que je suis tout petit et que je dansais sans même savoir ce qu’était le hip hop. Je suis de la génération qui s’inspirait de ce que l’on pouvait voir dans les clips des artistes Hip Hop, Rn’B des années 90 (Michael Jackson, Usher, Missy Eliott, etc…). Ce qui m’a poussé à rentrer dans le monde du hip hop, c’est tout d‘abord le fait que j’aimais cette musique tout simplement.
Depuis combien de temps fais-tu de la danse hip hop ?
J’ai commencé à danser depuis tout jeune à l’âge de 7-8 ans mais mes premiers apprentissages se sont fait quand j’ai eu 14 ans au moment où j’ai rencontré mon premier mentor Jaleel qui donnait des cours de danse dans le centre d’animation de mon quartier, et c’est à cet âge là que j’ai intégré mon premier groupe, une compagnie de quartier qui s’appelait Enjoy Yourself. Mais c’est seulement à l’âge de 16 ans que je me suis réellement mis dedans, c’est-à-dire à m’entraîner sérieusement avec la rencontre de Larry ( Les Twins Criminalz) et de Speedylegz ( Criminalz) en 2009.
Que ressens tu quand tu danses ?
Je ressens du plaisir, j’oublie mes soucis de la vie quotidienne c’est comme une échappatoire. C’est un moment où je vais être en contact avec ma créativité la plus profonde et où je vais avoir pour objectif de toujours me dépasser, c’est-à-dire d’être encore plus créatif que la veille.
Comment gères-tu le stress avant de faire un battle ?
Je me concentre sur ma respiration et je me dis que je vais donner le meilleur de moi-même qu’importe si je passe ou pas, car l’essentiel c’est aussi de s’amuser. Faut pas trop se prendre la tête c’est de la danse, pas un examen haha !
« Si aujourd’hui on a accès à des salles de danse, c’est grâce aux anciens. »
Qu’est ce qui différencie l’ancienne génération de la nouvelle génération du hip hop ?
Je dirai la manière dont est diffusée la danse hip hop. L’ancienne génération n’avait pas autant recours à Internet pour s’informer sur la danse, tout venait de la rue. La nouvelle génération a beaucoup plus de facilité à entrer dans le monde du hip hop grâce aux anciens qui se sont battus pour faire accepter cette culture qu’est le Hip Hop. Si aujourd’hui on a accès à des salles de danse, c’est grâce à eux. Donc au final ce qui les différencie vraiment c’est l’expérience, le vécu !
Que représente le hip hop pour toi ?
Pour moi c’est mon meilleur moyen d’expression, d’exprimer ce que je ressens et à la fois de faire travailler ma créativité. Le hip hop a vraiment donné un sens à ma vie.
Actuellement est-ce que tu vis de la danse ?
Non, mais c’est un choix. Je suis actuellement en pleine préparation sur certains projets et cela prend du temps, mais heureusement je n’ai que 19 ans.
Quels sont les lieux qui bougent bien sur la région parisienne ?
Il y avait il y a encore quelques années des points de rdv de danseurs sur Paris comme Châtelet-Les Halles, la Gare de Lyon ou encore la Défense qui donnaient accès à l’échange de cette culture. Aujourd’hui il nous reste le 104, un centre culturel dans le 19ème.
Quels sont les gros événements ?
Il y a beaucoup de gros événements. Mis à part le Juste Debout bien sûr, il y a le Cercle Underground qui est pour moi le meilleur battle hip hop. On a aussi le Fusion Concept, SDK Europe, Who Iz Who, IBE, Hip Hop 4 Ever, Rival Shool…
« C’est ce qui est beau dans la danse, c’est que c’est un échange . »
Aimerais-tu participé à ces événements ?
Oui et j’y ai déjà participé mais ça demande de la préparation. On ne peut pas aller au combat sans entrainement !
Quels sont les danseurs qui t’ont inspiré ou qui t’inspirent ?
Beaucoup de danseurs de mon entourage m’ont inspiré. Au début mon mentor Jaleel, puis Larry des Twins et aussi Speedylegz lorsque j’ai été leur élève. La plupart de mes amis les plus proches m’inspirent. C’est ce qui est beau dans la danse, c’est que c’est un échange. Pour que la danse évolue il faut qu’il y ait un partage. Donc en inspiration, je dirai mes proches, la plus part du Criminalz Crew ainsi que d’autres comme Marvin (RAF Crew), Kefton (Prophenomen), Ice E (Forzesound), Bruce Ykanji, Physs (Prophenomen).
Combien d’heures t’entraînes-tu par semaine ?
Je m’entraîne 6 à 7 heures par jour en général où l’on compte beaucoup d’entretien physique et beaucoup d’étirements. Sans compter le travail sur le mental.
« 90% de la réussite passe par la préparation. »
Quel regard portes-tu sur le hip hop ?
Un regard bridé hahaha ! Je pense que le Hip Hop au sens culturel n’a pas fini de grandir et de prendre de l’ampleur en touchant de plus en plus de personnes.
Et qu’est ce que ça t’apporte ?
C’est simple, si je ne danse pas pendant 2-3 jours je me sens vraiment mal.
Vois-tu un avenir dans la danse ?
Oui j’espère. Même si c’est un milieu difficile, il faut juste faire bien les choses et prendre les bonnes décisions et ne rien précipiter. Comme dit mon coach Widy : « 90% de la réussite passe par la préparation ». Et comme dit mon autre coach Abibou aka Playmo (Cosec Crew) : « Tout part du mental ! ». Et se forger un mental prend beaucoup de temps !
Quels conseils donnerais-tu pour les personnes qui aimeraient commencer la danse hip hop ?
De bien s’entourer, de garder un esprit ouvert, de ne se donner aucune limite et surtout de prendre du plaisir !
Interview réalisée par Frédéric Longchamp (Terminale commerce)
Article paru dans Bal’actu numéro 5, avril/mai 2012.
Photo : capture écran de la vidéo de Shaun Neezy Neem.